DES SOLUTIONS
 VRAIMENT  publiques

Déprivatiser, décentraliser, démocratiser

La CSN représente des salarié-es de tous les titres d’emploi dans tous les types d’établissements du réseau public de la santé et des services sociaux, ainsi que des travailleuses et des travailleurs d’organismes privés, publics et parapublics qui font, eux aussi, partie du système. C’est pourquoi nous travaillons à la recherche de solutions concrètes et réalistes, en collaboration étroite avec celles et de ceux qui offrent les soins et les services au quotidien.

Voici quelques pistes de solutions
 VRAIMENT  publiques

Le Québec investit moins dans le soutien à domicile que les autres provinces au Canada et beaucoup moins que les pays auxquels nous pouvons nous comparer économiquement. Les soins et les services à domicile permettent aux citoyennes et aux citoyens de vivre plus longtemps dans leur domicile, ce qui est non seulement souhaitable pour leur qualité de vie, mais aussi moins coûteux que l’hébergement dans un établissement. Le soutien à domicile permet davantage d’agir en prévention. C’est aussi un bon moyen de désengorger nos urgences.

Dès le départ, les médecins ont boudé le modèle des équipes multidisciplinaires des CLSC. Depuis 20 ans, c’est le modèle des cliniques privées qui a été privilégié avec les GMF pour tenter de corriger les problèmes d’accès aux services de première ligne, notamment à un médecin de famille. Les résultats ne sont pas au rendez-vous.

Pourtant, les CLSC sont déjà présents partout sur le territoire. Pour la CSN, c’est en misant sur des équipes multidisciplinaires incluant des médecins, au sein des CLSC, ouverts et accessibles 7 jours sur 7, que l’on faciliterait l’accès des citoyennes et des citoyens à la bonne ressource sociale ou médicale, au bon moment. Ainsi nous contribuerions à réduire la pression sur les urgences des hôpitaux. Les CLSC travaillent avec la communauté et agissent sur les déterminants sociaux de santé en ayant une vision globale plutôt qu’une vision strictement médicale de la santé. En misant sur les CLSC, on pourrait donc agir efficacement en prévention.

Les CLSC pourraient aussi servir d’agents de concertation avec les acteurs impliqués en santé et en services sociaux, mais aussi avec les milieux de garde, les établissements d’enseignement, le milieu communautaire, les instances municipales. Ainsi, ils pourraient mieux planifier les soins et les services en tenant compte des réalités locales et en favorisant l’action sur les déterminants de la santé (logement, revenus, éducation, etc.). Pour agir efficacement, il faut briser les silos et miser sur la cohésion entre les acteurs locaux.

Malgré les sommes fort importantes qu’ils exigent de leur clientèle, les centres d’hébergement privés offrent des conditions de travail très difficiles et bien souvent, des salaires à peine plus élevés que le salaire minimum. Durant la pandémie, l’État a dû voler au secours des personnes qui y étaient hébergées, notamment en versant des subventions salariales à ces entreprises pour qu’elles puissent retenir leurs salarié-es.

Le personnel qui assure les soins et les services dans les résidences privées pour personnes âgées réalise un travail remarquable qui n’est pas reconnu à sa juste valeur. Ces personnes devraient être intégrées aux équipes de soutien à domicile du secteur public, et les soins et services devraient être gratuits pour les usagers de ces résidences.

Ces ressources jouent un rôle clé dans le maintien et l’intégration, au sein des communautés, de personnes ayant une variété de besoins. Ces ressources ont besoin de plus d’aide de la part des établissements de santé, notamment pour bénéficier de périodes de répit et pour avoir accès à des personnes remplaçantes. Elles nécessitent également des moyens pour assurer une meilleure santé et une meilleure sécurité dans les milieux. Il faut mieux reconnaître ces ressources qui contribuent positivement au système public.

Le secteur préhospitalier québécois joue aussi un rôle majeur dans le système de santé au Québec. Il doit être renforcé. Les soins avancés d’urgence doivent notamment être déployés partout, sans délai. Aussi, les effectifs doivent être accrus, tant en ce qui a trait aux paramédics qu’aux répondantes et aux répondants médicaux d’urgence (RMU).

Il faut renforcer l’accès aux services en santé mentale, notamment pour faire davantage de prévention. Une récente étude indique même qu’une couverture universelle gratuite de la psychothérapie pour l’ensemble des Québécoises et des Québécois coûterait près de quatre fois moins cher que l’inaction du gouvernement en santé mentale. Les solutions promues par les professionnel-les sur le terrain touchent beaucoup à l’organisation du travail. Entre autres, il faut miser sur le travail en équipe de multiples professions et donner davantage d’autonomie aux intervenantes et aux intervenants. La CSN propose que l’on nomme une personne ou une équipe pivot pour s’assurer que chaque patient qui consulte en santé mentale puisse être suivi pour l’ensemble de ses problèmes dans un court délai.

La CSN appuie globalement les démarches du gouvernement pour mieux financer les soins et les services à la jeunesse et surtout son objectifs de placer dorénavant les intérêts des enfants au cœur de toutes les décisions. Devant l’urgence de la situation, le gouvernement a posé des gestes positifs et a ouvert un dialogue avec les organisations représentant le personnel, notamment dans les centres jeunesse. La CSN y participe activement. Pour nous, ce travail de concertation doit se poursuivre.

Le réseau public a recours à du personnel d’agences privées cinq fois plus aujourd’hui qu’il y a deux ans. Ce phénomène coûte très cher aux établissements. Or, ces agences apparaissent de plus en plus séduisantes aux yeux des travailleuses et des travailleurs. Voilà qui n’est pas sans aggraver les problèmes de main-d’œuvre des établissements publics

Des milliers de travailleuses et de travailleurs formés pour œuvrer dans nos établissements publics ont choisi de quitter le réseau pour travailler ailleurs. Il faut retenir davantage les employé-es du réseau et convaincre la relève d’y faire carrière. Ce n’est pas seulement en agissant sur la rémunération que nous y parviendrons, mais en améliorant la qualité de vie au travail. Comment y arriver ? En éliminant notamment les heures supplémentaires obligatoires (TSO), en développant un sentiment d’appartenance, en assurant à toutes et à tous un environnement de travail sain et en valorisant les relations humaines et les différentes professions. Les professionnel-les sur le terrain doivent bénéficier de plus d’autonomie. Les travailleuses et travailleurs devraient également être consultés afin de trouver des solutions aux défis présents au sein des établissements.

Au cours des années, un nombre de plus en plus élevé de travailleuses et de travailleurs de la santé ont été victimes d’un ennui de santé relié au travail. L’exposition du personnel à des facteurs de risques organisationnels et psychosociaux, tels la surcharge de travail ainsi que le manque de reconnaissance, d’autonomie et de soutien, n’est pas étrangère au nombre élevé de cas d’assurance salaire ou d’accidents de travail. Il faut assainir les milieux de travail de la santé et des services sociaux et protéger la santé et le bien-être du personnel de la santé. Du personnel en santé, c’est un réseau public en santé.

La mauvaise planification de la main-d’œuvre dans le réseau de la santé et des services sociaux n’est pas étrangère aux problèmes criants auxquels on fait face actuellement. Il faut revoir la planification de la main-d’œuvre, notamment en mettant en place des mécanismes paritaires et de concertation efficaces.

L’objectif de notre système est d’assurer la bonne santé physique et mentale de la population. En ce sens, ce n’est pas qu’une question de nombre de lits d’hôpitaux occupés, de temps d’attente pour une chirurgie ou de nombre d’actes effectués dans une journée, mais aussi une question de bien-être. Les CLSC ont notamment cette mission large de voir à l’amélioration de l’état de santé général de la population. Les services sociaux et la prévention jouent ici un rôle névralgique. D’ailleurs, différentes analyses ont régulièrement démontré que c’est beaucoup plus rentable pour la société d’investir en prévention, allant même jusqu’à souligner que 6 $ dans les dépenses liées au curatif sont économisés pour chaque dollar dépensé en prévention. L’accès à l’éducation et à l’enseignement supérieur ainsi qu’à des services de garde éducatifs, la disponibilité à proximité d’aliments sains, la garantie d’un revenu décent et d’un logement convenable ou encore l’existence d’activités culturelles abordables sont tous des facteurs contribuant au niveau global de santé de la population.

À l’issue des réformes des dernières années, le réseau se trouve aujourd’hui beaucoup trop centralisé. Il peut être facile de se perdre dans ce dédale administratif complexe. Les missions sociales, dont les services aux jeunes en difficulté, en santé mentale, en réadaptation ou en dépendance, devraient bénéficier de budgets qui leur sont spécialement alloués au lieu d’être à la remorque des décisions prises dans des mégas structures régionales au sein desquelles les grands centres hospitaliers et la sphère médicale ont tendance à aspirer les ressources. Une véritable décentralisation s’impose afin de favoriser un meilleur accès aux services.

Les récentes réformes ont anéanti la plupart des espaces locaux et régionaux où les gens pouvaient se faire entendre, obtenir des informations cruciales sur l’offre et le déploiement de services dans leur région, poser des questions et obtenir des réponses. La transparence est de moins en moins au rendez-vous dans les CISSS et les CIUSSS, qui n’ont maintenant de comptes à rendre qu’aux seuls hauts fonctionnaires à Québec. Il faut regagner ces espaces démocratiques afin de s’assurer que le réseau réponde adéquatement aux besoins de la population. Les citoyennes et les citoyens devraient pouvoir se réapproprier leurs services de santé, puisque ce sont les premiers concernés, tout comme le personnel du réseau.

Avec le temps, différents modèles de performance ont été imposés dans l’offre de soins. On parle entre autres des méthodes Lean et Toyota. À nos yeux, les soins de santé ne devraient pas être considérés comme de la production à la chaîne. Lorsque notre santé est attaquée, nous sommes fragiles et avons besoin d’encore plus de soutien et d’humanité. Les travailleuses et les travailleurs de la santé devraient pouvoir prendre le temps, avec chaque patient, de bien cerner les problématiques en cause et d’expliquer clairement les traitements ou les interventions à venir.

Le personnel sur le terrain sait mieux que quiconque comment organiser son travail, au bénéfice des usagers. Il faut libérer l’autonomie professionnelle en cessant d’enfermer le personnel dans des carcans administratifs stricts, ce qui sert trop souvent à alimenter une bureaucratie devenue trop lourde. Les personnes malades ne sont pas des objets, il faut donner le temps et la liberté aux intervenantes et aux intervenants de s’ajuster aux besoins de chacun.

Pour un réseau vraiment public, nous avons besoin de la force du nombre. Partagez cette campagne à vos amis, à votre famille et à vos collègues.

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